Quatre propositions du PTB
1. Sports et lieux d’occupation pour les jeunes
Pour le droit de “traîner” dans les rues, faire du sport et se détendre
S’il est important pour les jeunes de “traîner” pour leur construction et leur sociabilisation, il leur faut des espaces pour se rencontrer et des lieux où se défouler durant leur temps libre; des choses à faire et à découvrir, des autres à rencontrer.
Que ce soit autour d’un ballon dans une salle adaptée et abordable financièrement ou sur un terrain sécurisé en plein air où les éducateurs de rue pourraient aller à leur rencontre.
La puissance de l'intégration par le sport encadré ou libre, la responsabilisation et l’ouverture par la culture, la valorisation des moments libres et de partage ne représentent pas un coût à mettre dans la colonne "dépenses" de la commune mais est un réel investissement avec des résultats rapides et durables.
Comment l’Islande a renoué avec sa jeunesse
« Il y a vingt ans, les adolescents islandais étaient parmi les plus les gros consommateurs d’alcool d’Europe. » : « on ne pouvait pas marcher dans les rues du centre-ville de Reykjavik le vendredi soir sans se sentir en danger (…) Plein d’adolescents ivres qui vous interpellaient.»
Aujourd’hui, les adolescents islandais ont une vie parmi les plus saines d'Europe. La proportion des 15-16 ans qui étaient ivres au cours du mois précédent était de 42% en 1998. Ce chiffre a chuté à 5% en 2016. Sur la même période, le nombre de consommateurs de cannabis a baissé, passant de 17% à 7%. Le nombre de fumeurs réguliers de cigarettes a reculé de façon spectaculaire pour passer de 23% à seulement 3%.
Le financement public a été augmenté pour les activités sportives encadrées, pour la musique, la danse et les autres loisirs culturels. Les enfants issus de familles à faibles revenus ont reçu une aide leur permettant de prendre part à ces activités. Grâce à une “carte de loisir” d’une valeur de 35.000 couronnes, soit 280 € par an et par enfant, ils peuvent participer aux activités de leur choix.
Cela a permis aux jeunes de se sentir mieux dans un groupe, de se sentir bien tout simplement et de se distraire sans alcool ou drogue.
L’expérience des ambassadeurs de quartier à Anvers
Dans le même sens, un premier pas a déjà été fait près de chez nous. A Borgerhout (une commune d’Anvers), un projet développé par Zohra Othman, élue PTB, a prouvé son efficacité.
Dans ce quartier fort diversifié et densément peuplé d’Anvers souvent présenté comme un lieu de ‘non droit’, la problématique des jeunes qui ‘“traînent” et la dégradation des relations intergénérationnelles a été résolue intelligemment. Si l’on demande aux jeunes ce qu’il faut faire pour améliorer leur quotidien, ils le savent. C’est de ce constat qu’est né le projet des “Square Ambassador”.
Un jeune, sur base volontaire, est nommé “Ambassador” et anime une partie de l’espace public qui lui a été confiée; non pas pour les jeunes mais bien avec eux.
Il est aussi le garant de la cohabitation de tous dans cet espace qu’il veut rendre à nouveau convivial. Son rôle n’est pas celui d'éduquer mais bien d’animer des endroits stratégiques où les jeunes du quartier ont l’habitude de se réunir.
Il est le lien entre le jeune, ses parents, ses frères, sa famille et amis. Il peut désamorcer les éventuels problèmes. Il est aussi un lien, un référent auprès duquel les jeunes peuvent exprimer leurs difficultés.
L’avantage est double : des jeunes sont ainsi formés à animer d’autres jeunes de son quartier et les espaces et propositions d’activités pour les jeunes se multiplient. Suite à cette initiative, beaucoup plus d’enfants et de jeunes participent aux activités organisées dans l’espace public. En plus de cela, le calme règne à nouveau dans la commune.
Et si on remplaçait Borgerhout par la place Bockstael ?
Ici dans notre quartier nous sommes convaincus que des jeunes seraient aussi prêts à s’investir et à jouer le rôle de “Square Ambassador”.
Besoin d’infrastructures et d’espaces
Vous connaissez les chiffres, mais il est bon de rappeler ce qui se joue réellement derrières ceux-ci. Qui dit forte densité de population, dit besoins en infrastructures qui soient adaptés. A Laeken, il manque d’espaces où les jeunes peuvent aller le soir pour se retrouver entre amis sans déranger les habitants. A Laeken, il n’y a qu’une salle de sport pour 60.000 habitants, c’est insuffisant. Moins de 60% de notre population vit à proximité d’un espace vert ouvert au public. Nos jeunes y compris !
Pas de place chez soi, pas d’espaces extérieurs aménagés. Peu de moyens financiers pour payer les cotisations des clubs sportifs. Les maisons de jeunes encadrent les Laekenois jusqu’à leurs 18 ans et seulement durant les heures de bureau.
En dehors de ces heures, où les jeunes peuvent-ils alors se retrouver ?
Il est du devoir de la commune d’organiser l’espace urbain afin qu’il puisse être naturellement investi par sa population et sa jeunesse. Elle doit réagir au plus vite... Il y a urgence.
Nous demandons donc la réédition moderne et élargie du “chèque Sport et Culture” . Pourquoi pas comme en Islande où les enfants issus de familles à faibles revenus ont reçu l’équivalent de 280€ par an et par enfant, pour payer leurs loisirs. (voir plus haut)
Nous demandons également que l’expérience de Borgerhout et de ses “square ambassador” soit mise en place à Bockstael.
Peut-on espérer que nos ‘politiques’ en charge du Sport, de la Culture de l’Intégration et de l’Egalité des chances prennent conscience enfin que nos jeunes sont l’avenir de la commune? Ils sont notre avenir !
Faisons enfin confiance à notre jeunesse. Elle est belle et pleine de créativité, laissons-la s’exprimer! Aidons les jeunes à faire pour eux, par eux-mêmes.
2. Soutien scolaire et remédiation
Comme vivre en sécurité, le logement et le travail, l’enseignement de qualité est un droit fondamental. Le gouvernement a donc le devoir de garantir l’enseignement pour tous sans obstacles financiers ou autres. L’enseignement doit exploiter et développer les talents de nos enfants, leur enseigner les compétences pour comprendre le monde, les rendre critiques et aptes à l'améliorer, stimuler leur créativité et leur ingéniosité pour travailler sur les défis de demain. L’enseignement doit être le levier de l'émancipation et de l'égalité sociale.
L'école de Bruxelles est l'école de l'inégalité. Ce n’est pas le talent et la persévérance qui déterminent la carrière scolaire, mais davantage l’origine (sociale). Les élèves issus des familles défavorisées sont surreprésentés dans les statistiques sur le retard et l'échec scolaires. A la fin de l'enseignement primaire, 35% des élèves des écoles bruxelloises ont au moins un an de retard! À la fin de l'enseignement secondaire, près de 70% des jeunes ont redoublé une année. Dans notre ville, 1 jeune sur 6 quitte l'école sans certificat. L'inégalité sociale à l'école est fortement encouragée par la ségrégation scolaire: Bruxelles connaît bien des écoles de concentration: pauvres et/ou riches, chacun de leur côté.
Une politique décisive est nécessaire pour réduire cet écart. Nous voulons un enseignement où tous les enfants réussissent; même ceux qui vivent dans des conditions sociales et financières moins favorables. Tous les enfants devraient recevoir l'aide nécessaire à l'école, dans de petites classes avec un personnel bien formé.
Pour une meilleure réussite scolaire
Nous voulons un soutien scolaire gratuit. Parce que tous les enfants ont le droit à la réussite. Le PTB veut un soutien scolaire gratuit et organisé à l’école pour chaque enfant qui en a besoin. Imaginez après les cours, un moment où chaque enfant peut recevoir une aide adaptée. Une solution qui crée également de l’emploi puisqu’une équipe d’enseignants supplémentaire sera engagée pour garantir cet accompagnement spécifique de qualité
.
Dans une ville multilingue, être bilingue crée l’unité entre les gens et reste indispensable pour trouver un emploi. Imaginez que tous les élèves de Bruxelles finissent l’école en parlant couramment français et néerlandais. Les écoles bilingues (dans un système d’immersion) prouvent leurs succès dans de nombreux pays. Le PTB veut importer ce succès à Bruxelles. Dès l’âge de 5-6 ans – dans toutes les classes – une partie des cours devrait être donnée dans l’autre langue.
En maternelle et en 1re et 2e année de l'enseignement primaire, nous voulons
des classes plus petites : 15 enfants par classe. Dans les années suivantes d'enseignement primaire et secondaire, nous voulons un maximum de 20 élèves par classe.
De la place pour tous. Une politique d’inscription qui garantira une place à chaque enfant dans une école facilement accessible (près du domicile ou facile d’accès grâce aux transports en commun) et socialement mélangée.
Nous voulons reporter le choix d’un enseignement général, technique ou professionnel à l'âge de 16 ans. Il faut instaurer un ‘tronc commun’: un enseignement commun jusqu’à l’âge de 16 ans.
Un enseignement maternelle, primaire et secondaire entièrement gratuit.
3. Éducateurs de rue: mieux vaut prévenir que guérir
Aujourd’hui, beaucoup de nos jeunes se retrouvent dans des situations de décrochage scolaire ou en rupture avec la société. Ils n’ont plus de liens avec l’école, le marché de l’emploi, parfois même avec leurs parents. Pour empêcher ce type de situations et que celles-ci ne tournent mal, il vaut mieux prévenir.
C’est pour cela que nous demandons plus d’éducateurs de rue; des acteurs sur le terrain qui travaillent de manière préventive en faisant le lien avec les jeunes sur leur territoire, la rue. Les éducateurs vont à la rencontre de leur public pour entamer un dialogue et pour comprendre les motivations des jeunes et leurs soucis.
Leur but: renforcer les liens sociaux, accompagner les jeunes et prévenir des situations conflictuelles.
Nous avons besoin de plus de travail préventif et - donc - de plus d’éducateurs de rue. Malheureusement, aujourd’hui nous constatons que les pouvoirs publics préfèrent souvent la répression et les contrôles renforcés qui ciblent généralement les jeunes.
Ces mesures stigmatisent toute une partie de la population et font en sorte que les jeunes ne se sentent pas forcément acceptés pour qui ils sont. Seules les caméras et une police répressive ne suffiront pas pour prévenir la délinquance et pour offrir aux habitants un quartier en sécurité.
Pour l’instant, la commune de Laeken dispose de seulement 3 éducateurs de rue (pour comparer: la petite commune de Saint-Josse-Ten-Noode, avec ses 27.114 habitants, a engagé 8 éducateurs). Si nous voulons vraiment une politique de la jeunesse, il faut créer plus d'espaces où ils peuvent se retrouver sans craindre de perturber les voisins. Les éducateurs de rue doivent pouvoir vraiment être présents et l’être aussi le soir, pour aller à la rencontre des jeunes.
Parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir, nous demandons plus de travailleurs sociaux de rue.
4. Police de proximité
Habiter dans un endroit sûr, aller dehors et rencontrer ses amis, accompagner les enfants à la plaine de jeux, pouvoir en toute sécurité faire ses courses ou discuter avec ses voisins: c’est un droit fondamental.
La sécurité n’est pas un thème de droite et elle peut être abordée par une gauche conséquente. Aujourd'hui, si l’on veut intervenir contre la violence et la criminalité, nous pensons qu’il faut s’engager dans une politique de prévention. Combattre efficacement, oui, mais aussi avec réflexion. Cette réflexion, nous pensons qu’elle passe par une meilleure politique de prévention et par un système de répression adapté et pas forcément expéditif.
Des agents de quartier formés, proches des gens et accessibles
Nous demandons que Laeken se dote de plus d’agents de police de quartier, réellement conscients et attentifs aux besoins du lieu, formés aux réalités « du terrain » et proches des habitants. Une police qui intervient de manière préventive, un policier qui a un contact suffisamment bon avec les familles pour pouvoir entrer dans les maisons et parler directement avec elles. A Laeken, plus personne ne connaît son agent de quartier.
Nous pensons que la solution passe, entre autres, par la revalorisation du rôle de l’agent de quartier. C’est pour cela que nous demandons que soient de nouveau aménagés des bureaux de police facilement accessibles et ouverts la nuit.
Des agents de quartier joignables et proches des gens : c’est crucial pour lutter contre les nuisances et la criminalité. Les brigades d’intervention ne peuvent pas faire ce qu’un agent de quartier peut faire. Lui, connaît ses voisins et leurs difficultés dans le quartier ; il peut travailler de façon préventive, remarquer rapidement les problèmes et intervenir, proposer, des solutions avant que les situations ne dégénèrent.
Nous voulons que les autorités communales développent un plan urbain de sécurité qui soit discuté dans des assemblées de quartier où le chef de corps de la police et le bourgmestre viendront présenter leurs priorités. Nous voulons que les voix des habitants, des associations et des personnes intéressées soient entendues dans la définition des priorités pour la prévention et la sécurité dans leur quartier.
Miser sur un travail de prévention (policière)
La sécurité n’est pas exclusivement une compétence policière. Les moyens accordés au travail dans les rues sont insuffisants. Le travail de prévention, sur le terrain, avec des acteurs de terrain a été remplacé par un travail policier davantage bureaucratique. Ce n’est pas comme cela que les choses doivent évoluer.
Nous pensons qu’à travers la réintroduction des policiers de quartier et la revalorisation du travail de terrain, une réelle proximité avec les habitants pourra se développer et apporter des solutions; avant que la machine répressive n'entre en action.
La répression - nous en sommes conscients - existe, est nécessaire et dissuasive mais doit rester mesurée. Nous pensons qu’il faut miser sur des sanctions rapides et réparatrices en y intégrant l’aspect éducatif. Aujourd’hui, nous sommes convaincus que la prévention n’est pas assez ambitieuse.
Signez notre pétItion : https://bruxelles.ptb.be/petition