Lundi 5 février, un incendie violent s’est déclenché dans un logement social du quartier des Marolles. Il met en lumière l’état insalubre des logements sociaux dans lesquels vivent de très nombreuses familles. Si heureusement personne n'a été blessé physiquement, les familles n'en sont pas moins choquées, effrayées et en colère. Un drame qui n'est pas sans rappeler l'incendie Rue Severin qui avait coûté la vie à une maman. Devons-nous attendre de nouvelles catastrophes avant de lancer un plan de rénovations urgent et ambitieux dans les logements sociaux? Avec plusieurs membres du PTB, nous sommes allés rencontrer et soutenir ces habitants.
La situation au logement
L'incendie s'est déclaré au 5e étage d'un logement du Foyer Bruxellois Rue Haute. Si les dégâts matériels sont très importants, heureusement personne n'a été blessé physiquement.
Mais la famille du 5e étage a tout perdu. Ils vivaient à 6 dans un appartement 2 chambres, aujourd'hui en ruine. Riet Dhont, membre active du PTB Bruxelles Ville a rencontré le père de famille, qui raconte leur quotidien: “C’était invivable dans l’appartement. Ma femme et moi, nous dormions dans le salon et nos 4 enfants partageaient les 2 chambres. Ça fait 8 ans que je demande une mutation, mais je n'ai jamais reçu de solution ” Mercredi soir il a reçu la confirmation qu'ils seront relogé dans un logements 4 chambres. Il aura fallu perdre tout pour, enfin, recevoir une réponse à leur demande justifiée.
L'enquête est encore en cours pour identifier les cause de l'incendie. Mais les habitants sont inquiets. Ils témoignent: “Les câbles électriques sont vétustes et mal isolés. À cela s’ajoutent de gros problèmes d’humidité à cause d’un manque d’isolation. Les appartements ne sont pas du tout sécurisés. On doit constamment être attentif à l’utilisation des ampères, sur ordre du Logement Bruxellois. On ne peut pas faire fonctionner deux appareils électriques en même temps, sinon il y a un court-circuit.” “Nous avons tous du mal à dormir. Qu'est-ce qui nous prouve que cela ne recommencera pas ?” “Pourquoi le Foyer bruxellois n'a pas entretenu le système d’électricité? Quel est le plan d’évacuation prévu et les exercices de sécurité ? Pourquoi laisser des familles nombreuses dans ces petits appartements 2 chambres? Quand est-ce que nous aurons un double vitrage pour mieux isoler nos logements ?”
Quand on laisse moisir les classes populaires pendant qu'on brade notre ville aux promoteurs privés
Le bâtiment date des années 50’ et son état est déplorable: simple vitrage, problèmes d’isolation, moisissures aux murs, fenêtre détachée maintenue par des clous. Un cas qui vient se rajouter à la liste des logements mal entretenus par la Région bruxelloises et les SISP, comme les 5 blocs de logements sociaux Rue Rempart aux Moines. Dans la troisième région la plus riche d’Europe, on laisse des centaines de familles croupir dans la moisissure et risquer leur santé et leur vie dans des logements dangereux. Car il s’agit bien de vies humaines: l’incendie mortel de la rue Séverin nous l’a rappelé il y a un an, un mauvais entretien des installations électriques peut avoir des conséquences dramatiques. La réalité bruxelloise du logement social est loin d'offrir la possibilité de se loger décemment et en toute sécurité. La responsabilité des politiques régionales en matière de logement est clairement engagée si on veut éviter un prochain Grenfell Tower.
40.000 ménages attendent un logement. Il faut réaliser. 40.000 ménages ! Et ce n’est que la pointe de l’iceberg car un bruxellois sur deux rempli les conditions pour avoir accès à un logement social. Pourtant près de 3000 logements sont vides, en attente de rénovation. Et ceux qui, après plusieurs années, ont finalement accès à un logement, on leur demande de ne pas se plaindre.
“On fait comme on peut mais cela coûte cher et il n’y a pas de places”, nous répondent les partis au pouvoir. Mais pourtant, ils font des choix. Quand le CPAS loue un de ses bâtiments pour une somme ridicule à une entreprise privée pour en faire un appart'hôtel, en sachant que des familles vivent dans des conditions honteuses à côté, c'est un choix. Quand on vend des terrains publics communaux du Heysel à des promoteurs privés pour y construire des logements de haut standing et AUCUN nouveau logement social, c'est un choix. Le choix de brader notre bien public pour les gros promoteurs privés et barons du béton, plutôt que d'utiliser toutes nos ressources pour lutter contre la crise du logement et répondre aux besoins des gens. Un choix de faire passer le profit avant les besoins des gens. Mais tout choix peut être modifié.
Un autre choix est possible
Pour le PTB, il est nécessaire d’avoir un plan ambitieux pour construire et rénover massivement nos logements sociaux. À Vienne par exemple, près de 60% de la population vit dans un logement public.
À court terme, il faut s'assurer tout d'abord que toutes les familles sinistrées recevront bien un nouveau logement. Il faut également pouvoir offrir un soutien psycho-médical à ceux qui en ont besoin pour surmonter le choc.
En terme de sécurité ensuite, il est indispensable de réparer très rapidement tout le système électrique. Il faut mettre en place un contrôle technique obligatoire de sécurité et de salubrité chaque année. Le PTB a déposé une proposition au Parlement pour cela. En cas problème, les logements devraient être mis en ordre dans les 6 mois sous peine d'amende.