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Logements sociaux Rempart des Moines - une politique désastreuse de la Région bruxelloise

Logements sociaux Rempart des Moines - une politique désastreuse de la Région bruxelloise

Amiante, ascenseurs en panne, humidité, morceaux de façades et de vitres qui tombent. Cela se passe en 2018 dans la commune de Bruxelles-Ville.

Mustafa et sa femme habitent avec leurs six enfants dans un appartement du Logement Bruxellois: Rempart des Moines. Il s'agit des logements sociaux mieux connus sous le nom des "Cinq Blocs". Situés près du centre ville et de la rue Dansaert, ils abritent un total de 320 familles, soit plus de 800 habitant.e.s. Construits en 1966, ils n'ont jamais connu de rénovations ou de réels aménagements. 50 ans plus tard, les autorités envisagent de les démolir et de reconstruire de nouveaux logements sociaux et moyens qui ne verront pas le jour avant 2026.

Entre temps, les familles y survivent dans l'insalubrité totale. Mustapha et sa famille font partie d’une des ces familles qui nous ont ouvert leurs portes.

Mustafa et sa femme habitent un appartement de 55m²: "Nous sommes arrivés ici en 2005 avec notre fille de 2 ans et un nouveau-né. Entre temps, la famille s’est agrandie et nous avons aujourd’hui six enfants mais nous habitons encore dans le même appartement 2 chambres."

La maman témoigne: "Rania, notre fille aînée de 14 ans et son frère de 12 ans doivent dormir avec leurs deux autres frères dans une chambre qui n’est pas plus grande que 8m². Rania a demandé de pouvoir aller en internat.” Une situation qui est loin d’être idéale pour elle: “En semaine, je vis à l’internat. Je suis très inquiète pour ma petite sœur et mes frères qui vivent dans ces conditions. En plus, mes parents me manquent.”

La maman continue: “Pendant ce temps,  mon mari et moi prenons le bébé et notre fille de 2,5 ans dans notre chambre. Depuis 2012 nous demandons au Logement Bruxellois une mutation pour un appartement plus grand. Nous attendons toujours...”

Mustafa complète : “Comme partout dans les cinq blocs, il n’y a pas de double vitrage. Le vent entre et il y a de l’humidité partout. Les armoires de la cuisine s’effondrent à cause de l’eau qui coule sur les murs. Dans la chambre des enfants: le chauffage ne fonctionne pas, nous avons dû acheter un petit chauffage électrique. Pourtant, on paie 220€ par mois de provisions pour le chauffage et l’eau chaude. Nos enfants sont souvent malades. Le pédiatre nous a dit que ce n’était pas tenable de vivre dans des conditions pareilles avec un bébé.”

Le Logement Bruxellois a promis des restaurations mais rien n’est fait. Récemment, des ouvriers ont dû interrompre leurs travaux après avoir trouvé de l’amiante dans l’immeuble. Mais le Logement Bruxellois ne veut plus rien faire étant donné que tous les blocs vont être démolis. Entre temps, les familles doivent vivre dans des conditions inhumaines.

Mustapha n’est pas seul dans cette lutte. Dans sa fonction de cocolo, il est rejoint par les autres locataires qui connaissent des conditions de vie similaires: murs noirs d’humidité, l’eau qui coule des fenêtres, des ascenseurs en panne la plupart du temps dans des immeubles de 8 étages.

Pour le PTB, la situations dans les cinq blocs illustrent le désinvestissement du gouvernement dans la politique du logement social. Les cinq blocs ne sont malheureusement pas un cas isolé. Le 17 janvier avait lieu la commémoration du décès d'une mère de famille suite à un incendie dans le Foyer schaerbeekois. Un incident mortel qui a mis en lumière l'insalubrité des logements. Parallèlement, plus de 3.000 logements sociaux sont vides car en attente de rénovation.

Ce désinvestissement structurel dans le logement social contraste très fortement avec les choix politiques de la Ville et de la Région qui déroulent le tapis rouge aux géants du béton pour des projets de luxe. On l’a vu récemment avec le site de Tour et Taxis sur lequel seront créées de nouveaux logements inaccessibles aux ménages bruxellois. Mais cela rapporte gros au promoteur immobilier Extensa.

Alors que le projet de luxe comme la Up-site tour au bord du Canal est sorti de terre en 5 ans, les 320 logements sociaux qui seront détruits ne seront pas reconstruits avant 2026. En plus, le gouvernement en profite pour diminuer le nombre de logements sociaux qui seront réduits à 210. C’est une aberration quand on sait que plus de 40.000 ménages sont en attente d’un logement social. Une centaine de logements sociaux disparaîtront au profit de logements moyens dont le loyers avoisinent ceux du privé. Si l’argument de la mixité sociale est mis en avant, on se demande pourquoi la Région ne s’est pas souciée de la non-mixité de la Up-site tour, véritable ghetto de riches.

C’est toute la politique du logement social qui doit être repensée pour investir de manière ambitieuse dans des logements sociaux de qualité et dans la rénovation de ceux-ci. En attendant la rénovation des Cinq Blocs, il faut offrir une alternative à ces familles afin qu’elles puissent vivre dans des conditions humaines et dignes. Une solution de relogement doit être proposée dès aujourd’hui. 280 logements sociaux sont actuellement vides sur la commune de Bruxelles: n’est-ce pas possible de reloger ces familles dans ces logements? Si ce n’est pas possible: alors il faut assurer aux familles qu’elles ne devront plus vivre dans des logements pourris par l’humidité, sans ascenseur, avec une façade qui s’écroule. Il est inacceptable de laisser des familles s’entasser dans des logements trop petits et insalubres. Le logement doit être un droit, pas un privilège.

C’est dans ce cadre que la section Bruxelles-Ville du PTB se mobilise avec les habitants pour trouver des solutions le plus vite possible que ce soit pour l’ascenseur ou pour les conditions d’insalubrité.

Riet Dhont

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